Nous sommes intervenues au sein d’une école primaire, dans 3 classes différentes du Val de Saône : je suis accompagnée de Sabine Vauvert, de la @clinique de la médiation, pour présenter la médiation, processus de résolution amiable des conflits, aux enfants.
Joyeusement, les enfants nous font connaître leurs disponibilités d’écoute et de rencontre, nous amènent à exploiter notre part créative pour expliquer, et semer quelques graines de l’esprit de la médiation pour ces enfants de 7 à 10 ans.
Nous inscrivons au tableau les mots qui cadrent et précisent le processus de médiation en permettant aux enfants par de multiples interactions de se les approprier : ainsi, ils vont porter leur attention sur la valeur du mot secret, son sens dans leurs relations. Ils attireront notre attention et nous questionneront : « le médiateur ne fait pas partie de la dispute, il est en dehors alors, mais où il est alors ? ». D’une situation éprouvée dans leur quotidien scolaire (une enfant est moquée par une autre), ils jugeront, prendront partie, donneront des solutions préformées (« ben, tu n’as pas le droit de te moquer, tu es méchante, alors tu changes de couleur ! », se référant là au baromètre de comportement) et en rendront compte (« il faut le dire »).
Et nous les inviterons :
- à se donner les permissions pour faire évoluer leurs points de vue, prendre conscience de leurs préjugés, leurs solutions modélisées.
- à observer, faire connaissance avec leurs ressentis, leurs perceptions qu’ils peuvent faire évoluer tranquillement,
- et surtout à questionner, en sortant de la dualité victime/auteur, leur permettant alors d’ouvrir leur cadre de référence.
Les enfants vont se positionner au regard d’un jugement sur une photo, puis constater les effets de groupe (les autres sont plus nombreux ?), vivre la permission de l’évolution de sa pensée sous le regard du groupe, (je regarde à nouveau la photo et je vois autre chose !), ressentir le changement dans son corps, en bougeant, changeant de groupe, et de place vivant la difficulté du changement de position dans l’espace classe.
Puis ils continueront de bouger dans cette classe, en mobilisant leur attention sur un point (je mime des émotions debout sur une chaise faisant participer gaiement tout mon corps !) remarquant que leur compréhension évolue selon l’angle de vue, leur position corporelle, les entraves du mobilier de la classe…
En situation, c’est-à-dire face à des médiatrices qui jouent la problématique de la moquerie, les enfants sont invités à se mettre à la place de, à observer et questionner en évitant de prendre partie. Des phrases clés, types, sont notées, et les enfants peu à peu s’intéressent au questionnement, aux interactions bienveillantes en se détachant pour un temps des solutions…
Par ailleurs, les enfants sont incités, par quelques observations au cours de l’intervention, à observer, remarquer l’importance des postures, des regards, des mimiques, quelque chose de moi qui m’échappe et le sens qu’un autre que soi peut y donner.
Les techniques de médiation nous invitent à stimuler notre capacité d’observation, à questionner nos cadres de référence, à contacter notre capacité créative, à nous autoriser à penser que penser l’autre c’est penser avec, et que finalement je vois un canard sur un dessin à cet instant, je vais y voir un lapin à cet autre instant, et je me donne la permission d’y voir un oiseau tout à l’heure…
Stéphanie Puech Devaux
Médiatrice assermentée Cour d’Appel de Lyon
Sophrologue
Psychopraticienne en analyse transactionnelle
www.spuechdevaux.com
Comments